Le Bouddhisme en Chine ancienne, par Eulalie Steens

Le Bouddhisme fait allusion à bodhi "éveil". Il fut systématisé par Shakyamuni (au tournant du 6ème et du 5ème siècle avant JC).

Rappelons que Shakyamuni, constatant la souffrance de la vie, chercha un moyen d'obtenir le salut. Il s'agissait d'échapper au cycle des renaissances successives (samsara) en supprimant désir et ignorance par la tenue morale, la méditation, la sagesse. On peut ainsi atteindre le nirvana.

Avec la propagation du Bouddhisme à travers l'Asie, les divergences apparurent et diverses Ecoles virent le jour.

Le Bouddhisme parvint en Chine au 1er siècle (dynastie des Han Postérieurs) avec la création du Monastère du Cheval Blanc (Baima si). Ce monastère, situé à 13 km à l'est de la ville de Luoyang, remonte au règne de l'Empereur Ming (57 - 75). Ayant rêvé d'une sorte de divinité recouverte d'or planant planant au-dessus des palais impériaux, Ming s'en ouvrit à ses conseillers. Selon eux, il ne pouvait s'agir que de ce Bouddha dont on parlait beaucoup. Très frappé par cet événement, Ming s'intéressa à la religion nouvelle. Il fit mandater une ambassade vers l'ouest destinée à recueillir la parole bouddhique. Les deux envoyés revinrent à Luoyang sur un cheval blanc, en compagnie de deux moines indiens : Kashyapa Matanga (en chinois : Jiashi Moteng) et Zhufalan. Ils rapportèrent entre autres le Sishier chang jing "Le Sutra en quarante-deux chapitres". Cette histoire émaillée de légende explique le nom du monastère qui fut érigé pour la conservation des manuscrits. La construction actuelle se compose d'une enfilade de bâtiments dont l’édification remonte au temps de la dynastie Ming (1368 - 1644). A l'est, hors des murs, se dresse une superbe pagode de treize étages. Le Baima si abrite les tombes des deux moins indiens.

Dès le 3ème siècle, Chinois et Indiens entreprirent de traduire de nombreux manuscrits aptes à éclairer les principes de la pensée du Bouddha. Vers cette époque, les Écoles prirent forment, se divisant en branches et ramifications.

Aux 5ème et 6ème siècles (Période des Dynasties du Nord et du Sud), devant l'invasion de la religion étrangère, certains souverains décidèrent d'en limiter l'expansion par diverses interdictions. Pourtant, sous la dynastie Sui (581 - 618) puis celle des Tang (618 - 907), l'engouement décupla. Le Bouddhisme chinois atteignit son âge d'or.

La répercussion économique du Bouddhisme au détriment du pouvoir royal fut énorme : les couvents ne payaient pas d'impôts. Elle fut aussi sociale : ces communautés accueillaient de nombreuses personnes qui désiraient se retirer de la vie quotidienne. Les femmes, en particulier, bénéficièrent de ce refuge : celles qui n'avaient pas trouvé d'époux ou refusaient de se marier; d'autres, répudiées, contraintes de retourner dans leur famille d'origine qui refusait une bouche de plus à nourrir; les veuves sans fils. Ces délaissées pour lesquelles la société ne prévoyait aucun statut, coururent rejoindre les havres de paix bouddhiques.

En 845, durant le règne de Wuzong, le conflit éclata au grand jour. La grande proscription entraîna la fermeture des monastères et l'obligation pour les bonzes et les nonnes d'intégrer la vie laïque.

Le Bouddhisme, sérieusement mis au pas, se releva lentement de cet ostracisme et ne retrouva jamais sa splendeur des Tang.

EULALIE STEENS